Vers un travail obligatoire

<p style="text-align: justify;">Travailleur ! À partir du 14 septembre 1942, les <em>Werbestellen</em> allemandes payent à chaque travailleur engagé pour la première fois pour l'Allemagne une indemnité d'habillement de 750 francs belges à la signature du contrat de travail</p>

Faut attirer les Belges en Allemagne

Durant les premiers mois de l’occupation, le nombre de chômeurs ne cesse de croître mettant ainsi à mal l’économie belge. L’administration allemande prend rapidement en main la politique de travail. Le 10 avril 1941, l’Office national du Travail (ONT) est mis en place. Il contrôle la question de l’emploi mais aussi l’ensemble des travailleurs et des chômeurs. Afin de redémarrer l’industrie, on encourage la population à travailler notamment en réduisant les allocations de chômage.

L’Allemagne a également besoin de main-d’œuvre pour continuer à soutenir l'effort de guerre. Les ouvriers des territoires occupés l'intéressent donc. Les autorités belges veulent, quant à elles, éviter un envoi forcé des travailleurs belges en Allemagne. Au départ, seuls les volontaires sont envoyés. Le choix est un luxe et beaucoup de civils n'ont pas d’autres alternatives pour survivre que de travailler pour l’occupant dans l'industrie de guerre. Ils sont alors logés dans des camps de travail où les conditions de vie sont assez difficiles. Outre les usines, certains travailleurs belges sont également envoyés dans des exploitations agricoles. Une partie du salaire est envoyée à la famille de l’ouvrier.

Mais ce travail n’est pas sans risque :

"La grande agence de presse américaine Associated Press avait appris par son correspondant de Zurich, que 120 ouvriers belges, travaillant en Allemagne, avaient trouvé la mort à la suite d’une grande explosion dans une fabrique de munitions, à Essen. Beaucoup d’autres Belges auraient été blessés." Extrait d’un article du Courrier de l’Air du 22 juin 1941.

Cette "première" main-d’œuvre ne suffit pas pour les Allemands. En 1942, ils mettent donc en place le travail obligatoire en Allemagne. Désormais, tous les hommes âgés de 18 à 50 ans et toutes les femmes de 20 à 35 ans sont susceptibles d’être convoqués au travail. Néanmoins, des exceptions sont faites pour les femmes mariées ainsi que pour tous ceux travaillant en Belgique dans des secteurs essentiels tels que le charbonnage ou la métallurgie.

Pour les femmes, l’appel est d’application jusqu’en 1943. À partir de cette même année, le recrutement des hommes devient quant à lui systématique. L’occupant promet aux travailleurs un bon salaire, de la nourriture en suffisance et une certaine liberté. Des tracts et affiches de propagande vantant les avantages du travail en Allemagne fleurissent partout.

En juillet 1943, près de 310.000 Belges sont envoyés en Allemagne.

Cependant, nombreux sont ceux qui essaient de se soustraire au travail. On les nomme « les réfractaires ». Pour échapper à la convocation, certains vivent reclus dans les caves. D’autres rejoignent la résistance. La situation est dangereuse pour eux, car en cas d’arrestation, ils encourent de lourdes peines. L'ONT soutient également la politique allemande du travail obligatoire en organisant notamment les déportations des ouvriers et en traquant les réfractaires.