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Les Allemands ont la main mise sur tous les systèmes d’information officiels. La liberté de la presse n’existe plus pendant les quatre ans d’occupation. Dès leur arrivée, un système de censure est appliqué. Chaque journal doit avoir en amont l’autorisation de l’occupant pour pouvoir publier. A la suite de cela, différents types de presses écrites vont donc voir le jour : la presse censurée, mais aussi la presse clandestine. En plus des journaux, les radios ont aussi été une source officielle et officieuse d’informations.

La presse écrite

La main mise allemande

Dès l’arrivée de l’occupant dans le pays, les journaux et périodiques doivent faire une demande pour pouvoir poursuivre leur publication avant le 14 juin. Une trentaine de journaux et 600 périodiques ont obtenu leur autorisation, les autres, quant à eux, sont interdits de publication durant toute la durée de l'occupation. Certains ne dureront que quelques mois, au mieux quelques années.

Au total, 35 titres peuvent être publiés durant cette période.

Trois types de presse censurée voient le jour:

  • La presse collaborationniste avec Le Pays réel du parti rexiste.
  • La presse indépendante, pour la plupart composée de nouveaux titres n'ayant pas de liens directs avec des partis politiques collaborateurs. Le Vooruit, censuré, n'était pas pour autant un journal collaborationniste.
  • La presse volée. Le Soir est réapparu sans que son propriétaire ait donné son accord.

Même si la presse néerlandophone a eu davantage de faveurs de l’ennemi, tous, des deux côtés du pays, ont été surveillés par les autorités allemandes.

La centralisation et le contrôle de l’information sont très importants. La P.A. (Propaganda Abteilung) vérifie ce qui est publié dans les journaux. Une censure préventive est instaurée. La libre expression des opinions disparaît. Par après, la censure prend le pas avec des amendes, des blâmes, etc. sur les journaux qui ne respectent pas les consignes.

La P.A. participe également à la désignation ou au licenciement des rédacteurs. Ces derniers doivent suivre les diverses conférences de presse qui ont lieu quotidiennement. Les rédacteurs, journalistes et reporters ont l’obligation d’adhérer à une organisation professionnelle officielle. La distribution est également monopolisée par les Allemands. Une seule firme à l’autorisation de fournir la presse dans les magasins : la firme de distribution Dechenne.

"Toute l'information était verrouillée et censurée par les Boches. Un seul journal paraissait à Liège, La Légia, journal à la solde des Allemands (...) Toute publication était soumise à "l'imprimatur" nazi." raconte Georges Deconinck*.

La résistance se forme

Samedi 10 mai, Anniversaire de Deuil !

Tract distribué en rue 

Face à cela, le développement d’informations clandestines voit le jour à travers le pays. Des journaux et périodiques parviennent à échapper à la censure mais les difficultés sont de taille. En effet, ils n’ont pas les infrastructures et les matériaux nécessaires pour garantir une grande distribution.

Variant de 100 à 1000 exemplaires pour un numéro, ils ne font que rarement plus d’un numéro par mois ayant en moyenne 4 faces écrites.

Les risques sont également nombreux. Les équipes de rédaction sont traquées, condamnées à mort et souvent démantelées par l’occupant. Sous pression, c’est donc une presse relativement précaire et trop peu accessible pour la grande majorité des Belges.

Le but premier de cette presse clandestine est de veiller sur le bon moral de la population et d’offrir des informations non soumises à la censure et la propagande allemande. Par la suite seulement, les résistants se sont appropriés la presse pour mettre en avant leurs idées. C’est grâce à celle-ci que des réseaux se forment et s’organisent durant toute la période d’occupation.

Des tracts contre l’occupant voient également le jour. Ceux-ci sont souvent dactylographiés, voire écrits à la main pour être partagés solidairement dans les rues, les moyens techniques étant minimes.

Ces articles de presse et tracts ne proviennent pas uniquement de Belgique. En effet, il arrivait aussi que les Alliés passent les informations au peuple belge en les larguant depuis leurs avions. Par exemple, Le Courrier de l’Air provenant du Royaume-Uni est partagé par la Royal Air Force dans les zones occupées belge et française.

Le <em>Courrier de l’Air</em>, 22 juin 1941

Le Courrier de l'Air du 22 juin 1941

La guerre des ondes

La radio a également été primordiale pour communiquer pendant la période d’occupation. À la fois outil de manipulation propagandiste et instrument de résistance, une véritable guerre des ondes s’opère en Europe et au sein même de la Belgique.

Les installations techniques de diffusion sont sabotées et les équipes licenciées avant l’arrivée de l’occupant. Mais, dès la fin du mois de juillet 1940, les Allemands rétablissent la ligne et prennent possession d’une radio bruxelloise : Radio Bruxelles / Zender Brussel. Les services sont occupés et surveillés par un officier allemand. Il est assisté d’un Belge sous contrôle de l’ennemi.

De l’autre côté de la Manche, des messages vers la Belgique passent sur des ondes officieuses pour échapper au contrôle des Allemands. À partir du 28 septembre 1940, le gouvernement belge en exil à Londres occupe les ondes de la B.B.C. En direct d'Angleterre, naît ainsi la Radio Belgique sous la voix de Victor de Laveleye. En 1943, un véritable poste gouvernemental voit le jour portant le nom de Radio nationale belge. Ils élèvent la voix pour maintenir au beau fixe le moral de la population restée au pays, pour gagner le combat, celui de la résistance et de la liberté.

"Écouter la BBC était défendu. On réglait donc la radio, sur les grandes ondes, au volume sonore minimum pour capter Londres quelques instants. Et encore, les émissions étaient brouillées par l'occupant", poursuit Georges*.

<p style="text-align: justify;">La radio au sein des familles à Bruxelles durant la Seconde Guerre mondiale</p>

Pierre-Paul Struye, résistant travaillant pour la Libre Belgique clandestine, écoute la radio, sans doute la B.B.C., avec sa femme et deux de ses enfants.

*DEBLANDER Bruno, MONAUX Louise et COSTELLE Daniel, Apocalypse en Belgique: 1940-1945: témoignages inédits, Bruxelles, Racine, 2010, p. 72.