S'amuser pour oublier
Malgré ces temps difficiles, la population a tout de même besoin de se divertir. Cela lui permet, pour quelques instants, de se changer les idées, d’oublier la faim, le froid et la peur. Suite aux différentes restrictions, les lieux publics sont de plus en plus désertés. La plupart du temps, on reste chez soi à jouer aux cartes, lire, jardiner, se remémorer les bons souvenirs ou bien simplement se reposer après une dure journée de travail.
"Été 1944. Tous les hommes du village étaient partis à l'étang du Baron, enfoui au milieu des bois. (...) Ce souvenir n'éveille qu'en moi que celui d'une balade à vélo et la vision comique de la plupart des hommes du village en maillot de bain à bretelles." raconte Jean-Marie Guillaume*.
La plus grande distraction est de se rassembler en famille afin d’écouter la TSF (transmission sans fil). Cela permet de recevoir des nouvelles du front, d’écouter les discours officiels ou les annonces clandestines transmises par messages codés. La musique constitue aussi un bon moyen de s’évader. On se retrouve pour écouter des chansons, chanter, danser sur du jazz ou du swing.
Le sport aussi peut être pratiqué. Le football, par exemple, est un sport particulièrement apprécié durant cette période d’occupation. Mais il est "contrôlé" par les Allemands. Le ministre de tutelle du Sport, Gérard Romsée, est nommé directement par ces derniers. L’Union belge de football entretient également des liens étroits avec des personnalités proches du régime nazi. L’occupant organise donc des matchs dans les stades belges. Ils ont même une équipe au sein de leur armée.
La bière, l’alcool et le tabac coutent cher si bien qu’on se rend peu au café si ce n’est pour avoir un peu de chaleur, rencontrer d’autres personnes et discuter. Les cinémas, bien que rarement fréquentés, restent encore assez abordables pour la population. En effet, contrairement à certains produits, le prix du ticket n’a pas été modifié. Toutefois, les contenus cinématographiques sont soumis à la propagande allemande.
Pour les plus aisés, les théâtres et les opéras continuent à ouvrir leurs portes. Le choix des pièces et des acteurs est réservé à l’occupant. De temps à autre, des soirées dansantes et des spectacles sont organisés afin de récolter des fonds pour les plus pauvres ou les prisonniers. Suite au couvre-feu imposé, ceux-ci débutent plus tôt, vers la fin de l’après-midi.
*DEBLANDER Bruno, MONAUX Louise et COSTELLE Daniel, Apocalypse en Belgique: 1940-1945: témoignages inédits, Bruxelles, Racine, 2010, p. 67.