De l’exclusion à la déportation 

Le port de l’étoile annonce les événements à venir : la Solution finale et la destruction de tous les Juifs. En effet, à partir de l’été 1942, les réglementations liées à la stigmatisation de la communauté juive font place à son extermination. Les autorités allemandes déclarent le 15 juillet que 10 000 Juifs de Belgique seront engagés pour le « travail obligatoire » à l’Est. Les Juifs doivent se présenter à la caserne Dossin à Malines pour être transportés en wagons à bestiaux vers les camps. L’AJB est la garante du déroulement de cette opération par l’envoi des convocations à des milliers de Juifs. L’occupant tente d’entretenir le mythe du camp de travail et non pas du camp d’extermination. Mais cette opération est un échec : seuls 40% des Juifs convoqués se présentent spontanément. En effet, la population comprend qu'il s'agit d'un leurre car les convocations s'adressent non seulement aux hommes en âge de travailler mais aussi aux personnes âgées, aux femmes et aux enfants. Les autorités allemandes mettent en place un autre système : les arrestations individuelles et collectives. Quatre rafles sont organisées durant l’été 1942, dont trois à Anvers et une à Bruxelles. Ces arrestations de masse entraînent la déportation de 4 300 Juifs.

Vue de la cour intérieure de la caserne Dossin à Malines

Caserne Dossin à Malines - 1942

La caserne Dossin à Malines est un rouage essentiel de la mécanique de la déportation en Belgique. Entre juillet 1942 et août 1944, elle remplit la fonction de camp de transit vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. À Malines, les arrivants sont inscrits et reçoivent un numéro ainsi qu’une plaque à porter autour du cou comprenant le numéro de convoi et leur numéro personnel. Les séjours à la caserne Dossin sont généralement de courte durée. Du 4 août 1942 au 31 juillet 1944, 27 convois amènent 24 908 hommes, femmes et enfants vers Auschwitz. Des 5 093 enfants juifs déportés de Malines, seuls 1 335 reviennent vivants.  La plus jeune victime est à peine âgée de 39 jours.

Simon Gronowski est un de ces enfants. En 1943, trois jeunes hommes parviennent à faire arrêter le XXe convoi vers Auschwitz et réussissent à libérer une vingtaine de Juifs dont le jeune Simon. L’enfant est alors obligé de se cacher pour se soustraire à la férocité allemande et à l’extermination. Les rafles et la déportation, amènent de nombreux Juifs à passer dans la clandestinité. Une chasse s’abat sur ceux qui échappent à la déportation. Les enfants juifs cachés sont pris en charge par diverses organisations sur le territoire belge qui constituent un véritable réseau de sauvetage.