Le contre-espionnage et la répression

En Belgique, le contre-espionnage est la mission de la Sûreté de l’État. Comme on a pu le voir précédemment, ce service pratique la surveillance des ambassades des pays du bloc de l’Est. À côté du service de renseignement belge, de nombreux services de renseignement étrangers sont présents à Bruxelles du fait de son importance au sein de l'OTAN et de l’Union européenne. Ces services peuvent être des alliés de la Belgique qui aident au contre-espionnage tels que la CIA, mais aussi des ennemis venus pour espionner les institutions de l’OTAN et de l’Union européenne tels que la Stasi.

Poster de sécurité de l'OTAN

Poster de sécurité de l'OTAN

Durant la Guerre Froide, les membres de l’OTAN sont méfiants : ils mettent en place de nombreuses mesures pour lutter contre l’espionnage par les pays du bloc de l’Est. La Sûreté de l’État surveille les ambassades des pays communistes, et partant les membres de la délégation est-allemande. Ils ont des soupçons à l'égard de Kurt Berliner, mais ils ne trouvent rien contre lui.

La surveillance de personnes jugées à risque est associée à la mise en place de mesures préventives au sein d'institutions comme l’OTAN. Dans ce cadre, des affiches sont produites mettant les employés en garde  contre les espions, exigeant le rangement systématique des documents et invitant à se méfier des invités. Ces affiches visent particulièrement les secrétaires en raison de la technique des agents « Roméo » favorisée par Markus Wolf. Une classification des documents en fonction de leur importance est élaborée avec comme point culminant la désignation Cosmic Top Secret (CTS), apposée sur les documents les plus sensibles réservés aux plus hauts gradés. Les employés possèdent un badge d’identification afin de pouvoir accéder aux différents bâtiments et services, et les documents sont systématiquement rangés dans des coffres-forts. À ces mesures préventives s'ajoute un bureau de sécurité dont les membres ont pour mission d’enquêter sur les employés afin de débusquer les potentiels espions. 

Après la chute du mur de Berlin, les services secrets américains (CIA) et ouest-allemands (BND) analysent les documents de la Stasi afin de poursuivre les anciens agents et collaborateurs du ministère est-allemand. En juillet 1993, ils parviennent à arrêter Rainer Rupp et sa femme Ann-Christine. Interpellé alors qu’il rendait visite à sa mère en Allemagne de l’Ouest, Rupp se rend sans résistance. Pendant plusieurs années, il a transmis des centaines de documents provenant de l’OTAN au service de renseignement est-allemand. Son procès se tient en 1994, et ses avocats le présentent comme un homme facilement influençable à cause d'une enfance difficile. Finalement, le juge déclare qu’il n’a jamais œuvré pour l’argent, mais qu'il a tenté de préserver la paix en ne divulguant que des renseignements visant ce but. Il a toujours refusé de divulguer des informations personnelles et a contribué à l’enquête volontairement en présentant ses excuses à plusieurs reprises. De plus, la sentence précise que même si les documents portés à la connaissance de la Stasi devaient rester secrets, l’OTAN n’a pas véritablement cherché à démasquer Rainer Rupp : ce dernier n’a été contrôlé qu’à une reprise au cours de ses années de service à l'OTAN. Il est condamné à douze ans de prison ; sa femme à un an et dix mois. La légèreté de leur peine s'explique par le fait que le juge a considéré qu’ils n’étaient plus une menace pour la société depuis la fin de la RDA. La peine d'Ann-Christine est finalement suspendue afin qu’elle puisse s’occuper de leurs enfants ; Rainer est finalement libéré après sept ans de prison et il devient journaliste.

Ce parcours a montré que la Stasi est parvenue à mettre en place un réseau efficace d’agents et qu'elle a réalisé de nombreuses activités d’espionnage à Bruxelles en dépit des mesures préventives mises en place au sein des institutions du bloc de l'Ouest et malgré l’omniprésence de services de contre-espionnage belges et étrangers. Ces éléments expliquent pourquoi la Stasi est considérée comme le meilleur service d’espionnage de son époque. 

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