Opinions étrangères
C’est de l’étranger qu’ont été émises les critiques les plus virulentes contre l’exploitation des indigènes par l’EIC, lesquelles ont indirectement conduit à la cession de cette colonie par Léopold II. Des témoignages de voyageurs et de missionnaires au Congo ont été transmis à des associations comme l’Aboriginals Protection Society en Angleterre. Celles-ci ont communiqué à la presse les mauvais traitements subis par les populations congolaises qui les a diffusés dans des articles. Au rapport diplomatique de Roger Casement (1864-1916), déjà cité, il faut ajouter ceux de l’écrivain Arthur Conan Doyle (1859-1930) et du journaliste Edmund Dene Morel (1873-1924) pour la Grande-Bretagne, qui ont contribué dans une grande mesure à la mobilisation internationale contre les exactions commises par l’EIC.
L’opinion publique aux États-Unis n’est pas en reste, la presse s’opposant massivement au régime de Léopold II en 1903 et 1904. Des personnalités comme le romancier et essayiste Mark Twain (1835-1910) s’expriment sur cette question. Des pays comme la Suisse ou l’Italie s’impliquèrent au Congo en envoyant des militaires, des avocats, des médecins avant de se rétracter à la suite du scandale sur les atrocités du régime colonial. Ils publièrent également des rapports, et la presse de ces pays s’associa à la critique internationale.
Pour finir, l’opinion internationale se montre assez favorable à la reprise de l’EIC par la Belgique. Entre octobre 1908 et juin 1913, une trentaine de pays reconnaissent cette cession : tels la Grande-Bretagne, les États-Unis, l’Allemagne, l’Italie…
« A la page 43, M. Casement nous donne des extraits d'un journal de route d'un témoin anonyme et mystérieux et m'a tout l'air d'être un mystificateur. Voici les choses renversantes que nous révèle cet extrait : 1° que la récolte du caoutchouc est mathématiquement proportionnelle au nombre de fusils dont disposent les districts de la compagnie concessionnaire ; que le district disposant de 100 fusils récolte exactement 10 tonnes de caoutchouc, que le district disposant de 130 fusils récolte exactement 13 tonnes ; 2° que pour chaque cartouche consommée, l'indigène doit rapporter une main coupée (pour confirmation, voir l'image de Punch) ; 3° que si l'indigène, par paresse, ou par peur, ou par humanité, n'a pas tué son homme, ou si l'amour du sport le séduit à gaspiller une cartouche, il se tire d'affaire en coupant la main d'un homme vivant (...) ; 4° que dans un seul district, 6000 cartouches ont été employées, c'est-à-dire 6000 indigènes ont été tués ou mutilés. »
(Extrait de l'article "A propos du rapport Casement sur l'administration du Congo")