Andrée Geulen, ancienne assistante sociale du CDJ, s'adresse, elle, à ceux qu'elle continue à appeler "ses enfants": "Vous avez voulu rendre hommage à tous ceux qui, formant une solide chaîne de solidarité, vous ont soustraits à la déportation et à la mort. C'est très bien et je pense que cela devrait être fait. Mais c'est à présent moi, aujourd'hui, qui tiens à vous dire merci ! Merci à vous les enfants, pour tout ce que vous m'avez apporté. Vous m'avez appris pour toujours l'incommensurable bêtise du racisme. J'ai résisté à l'époque aux lois injustes, je me suis révoltée contre le sort qui vous était réservé et depuis, j'ai gardé cette capacité de révolte devant tous les racismes, cette vigilance devant les discriminations imbéciles. Jamais aucun travail ne m'a procuré une telle fierté, une telle exaltation, que celle de vous accompagner sur les routes en quête d'une cache inconnue. J'avais vingt ans à l'époque. Imaginez ce que cela représentait pour moi, de m'endormir le soir, en me disant...Encore cinq gosse de sauvés, encore cinq gosses qui n'iront pas à Malines."